Le Pont de Fer

Le Pont de Fer est un roman racontant le destin de la tour Eiffel, deux siècles et demi après la fin de notre civilisation, alors que l’édifice, qui s’est effondré, se trouve désormais être un pont permettant de traverser la Seine, ainsi que le foyer d’une communauté appelée les ponteux.

Le roman s’inscrit dans l’univers du Tumulte des Temps.

De la tour Eiffel au Pont de Fer:

quelques éléments de chronologie

L’histoire contée dans Le Pont de Fer se déroule 243 ans après l’effondrement de notre civilisation et près de trois siècles et demi après le temps présent. L’humanité se trouve alors plongée dans une période de déclin, nommée les Temps Inférieurs, qui s’apparente à une sorte de nouveau Moyen-Âge.

La communauté des ponteux, à cette époque-là, vit fièrement sur son grand et solide pont de fer et s’enorgueillit d’être le peuple le plus avancé de la région, que ce soit au niveau technique, ses forgeurs étant des maîtres réputés dans l’art de la métallurgie, au niveau économique, car elle se trouve être, et de loin, le peuple le plus riche des alentours, ou même au niveau culturel, du fait qu’elle possède la plus complète collection de livres des hommes des anciennes civilisations, dont elle s’estime d’ailleurs être le digne successeur.

Deux siècles et demi plus tôt, quelques mois après l’abominable guerre qui a ravagé Paris, ainsi que le monde entier, les premiers membres de la communauté des ponteux s’installent sur la rive gauche de la Seine, au pied des piliers de la tour Eiffel. Ils commencent alors par aménager les deux bas-piliers du pont et construisent en parallèle un fort afin de se protéger d’éventuels ennemis. Par la suite, ils colonisent progressivement toute la structure du pont, jusqu’à poser le pied sur la rive droite de la Seine. Dès lors, en plus de construire un second fort, ils offrent aux marchands des alentours de pouvoir traverser le fleuve en empruntant leur pont, et cela, moyennant une taxe. Une période de grande prospérité s’ouvre alors pour la communauté des ponteux, qui s’agrandit en s’appropriant les terres du Paris d’antan et en intégrant les quelques villages qui ont essaimé là, parmi les ruines, dans leur jeune République de Paris. Ces temps d’allégresse prennent fin lorsque le puissant voisin, le royaume de la Seine, vainc les troupes du pont et oblige ses membres à retourner vivre à l’étroit derrière leurs deux forts.

Le pont, les forts et Paris:

les hauts lieux du récit

Les ponteux vivent donc sur la tour Eiffel, qu’ils ont aménagé, décennie après décennie, jusqu’à occuper l’édifice dans sa totalité. En voici les différentes composantes:

-le Pilier-aux-Affaires (le pilier ouest, au sol): on y trouve la route commerciale au niveau inférieur, les logements des affaireurs aux niveaux intermédiaires ainsi que le Palais des Affaires, où réside le GranPonte aux Affaires, au niveau supérieur.

-le Pilier-aux-Ouvrages (le pilier nord, au sol): on y trouve les logements des ouvrageurs au niveau inférieur et aux niveaux intermédiaires ainsi que le Palais des Ouvrages, où réside le GranPonte aux Ouvrages, au niveau supérieur.

-le Pilier-aux-Troupes (le pilier sud, en hauteur): on y trouve les logements des soldats au niveau inférieur et aux nouveaux intermédiaires ainsi que le Palais des Troupes, où réside le GranPonte aux Troupes, au niveau supérieur.

-le Pilier-aux-Prières (le pilier est, en hauteur): on y trouve la Haute Chapelle, la maison commune, où sont recueillis les démunis, ainsi que les logements des religieuses du pont au niveau supérieur et les réserves alimentaires de la communauté au niveau inférieur et aux niveaux intermédiaires.

-la partie située entre les deux étages de la tour, désormais appelée l’Entrebalcon: on y trouve le Palais des Quatre, où ont lieu les Conseils des Quatre, ainsi que l’Esplanade des Quatre, une place étant le principal lieu de rassemblement du pont.

-la Flèche, qui a gardé le même nom que jadis: on y trouve, au niveau supérieur, la route commerciale, ainsi que les commerces et logements des commerçants du pont, et aux niveaux inférieurs, les logements de leurs employés.

La majorité des événements évoqués dans Le Pont de Fer ont lieu sur le pont lui-même ou au sein des deux forts construits de part et d’autre de l’édifice afin de le protéger d’éventuels ennemis. Il s’agit du Fort-Flèche, situé sur la rive droite de la Seine, entre le sommet de la colline du Trocadéro et la rive, et du Fort-Piliers, posté sur la rive gauche du fleuve, à l’emplacement où se situait jadis le Champ-de-Mars.

Une petite partie des événements advient également en dehors du pont et de ses forts, au milieu des ruines de Paris où ici ou là, quelques villages se sont établis comme sur Longu’Île et Fin’Île, les deux îlots se situant au centre de la ville ou sur les collines du nord et de l’est parisien, les collines des Martres, des Chaumes, des Belles et des Ménils.

Dislocation et émiettement:

les États au temps du Pont de Fer

Après l’effondrement de notre civilisation, la totalité ou presque des États se sont disloqués, entraînant avec eux la fin des nations et des pays tels que nous les connaissons. Ils sont alors remplacés par une myriade de petites puissances locales prétendant à la souveraineté sur des territoires allant de la taille de villes pour les plus petits à la taille de régions pour les plus grands.

La République du Pont, dont les terres ne mesurent guère que quelques kilomètres carrés, est le plus petit État au temps du Pont de Fer. Ses voisins, le GranComté des Artes et le royaume du Chenal, au nord de la Seine, ainsi que la principauté de Mandie, au sud du fleuve, sont des territoires bien plus grands, même s’ils sont eux aussi supplantés en taille par le puissant royaume de la Seine, qui a pris pied au nord comme au sud du fleuve.

Ces différents États sont relativement instables et entrent fréquemment en guerre les uns contre les autres. La République du Pont fait exception en ce domaine, et de ce fait, elle connaît une longévité inégalée dans toute la région.

GranPontes, Grande Pontife et Conseil des Quatre:

l’organisation politique du pont

La communauté du pont est dirigée par ceux que l’on nomme les quadriarques, trois GranPontes et une Grande Pontife, qui prennent leurs décisions en Conseil des Quatre, à la majorité des trois GranPontes, la Grande Pontife ne prenant pas part au vote.

Chacun des quadriarques représente un pan de la communauté des ponteux :

-le GranPonte aux Affaires représente la communauté des affaireurs ainsi que les commerçants et leurs employés.

-le GranPonte aux Troupes représente la communauté des soldats

-le GranPonte aux Ouvrages représente la communauté des ouvrageurs

-la Grande Pontife représente la communauté des religieuses du pont

Chacun des GranPontes est aidé dans ses fonctions par trois Pontes (ou trois Pontifes pour la Grande Pontife), qui en plus de le conseiller, se voient chargés de certaines responsabilités sur le pont.

Les Pontes et Pontifes sont élus par les hommes ou les femmes de leur communauté et peuvent, lorsque leur GranPonte ou leur Grande Pontife quitte ses fonctions, concourir à le ou la remplacer. Pour cela, ils doivent obtenir la majorité des votes des trois Pontes ou des trois Pontifes.

La communauté du pont reste le seul peuple de la région à encore avoir recours à l'élection et à conserver certaines pratiques démocratiques. Les autres territoires sont gouvernés par des rois ou des monarques affublés d'autres titres, mais qui n'en partagent pas pour autant le pouvoir et ne le remettent pas davantage en jeu.

Les sept groupes sociaux :

l'organisation sociale du pont

La communauté du pont est composée de sept groupes :

-les affaireurs, qui s’occupent de charger, décharger ou déplacer les marchandises transitant par le pont

-les soldats, chargés de défendre militairement le pont

-les ouvrageurs, qui travaillent à l’aménagement ou à l’entretien du pont, comme les peintreurs par exemple

-les religieuses, que l'on nomme les diacresses

-les commerçants (échoppeurs, hôteleurs, aubergeurs, pêcheurs, boulangers, bouchers, etc.)

-les employés des commerçants

-les non-ponteux, c'est-à-dire les personnes se trouvant illégalement sur le pont

Parmi ces sept groupes, trois sont employés par le pont et payés grâce aux taxes récoltées auprès des marchands de passage. Il s'agit des affaireurs, des soldats et des ouvrageurs, qui vivent dans un relatif bien-être. Les commerçants représentent le groupe le plus riche du pont, tandis que leurs employés sont au contraire les membres les plus pauvres de la communauté, après les non-ponteux, qui vivent la plupart du temps de petits boulots sales et mal-payés. Les religieuses du pont, pour finir, vivent modestement des dons qui leur sont attribués.

Religion pontifienne et culte du fer de la tour :

la vie culturelle de la communauté du pont

La communauté du pont, de confession pontifienne, prie celui qu’elle appelle le dieu des Anciens Hommes, pour lequel ces derniers, croit-elle, ont bâti la tour Eiffel, afin de l’honorer.

La religion pontifienne est dirigée par une femme, la Grande Pontife, qui guide son peuple par des prêches réguliers prononcés depuis la Haute Chapelle du pont.

Les textes fondamentaux de la religion pontifienne sont les mémoires sacrés rédigés par les Grandes Pontifes successives, et notamment ceux de la première d’entre elle, la Grande Pontife Évelène, qui a vécu l’effondrement de notre civilisation et qui a fait partie du premier groupe de ponteux à s’installer au pied de la tour Eiffel.

La religion pontifienne est une religion de paix et de tolérance qui exècre toutes les forces de violence.

La communauté du pont voue également une sorte de culte au fer de la tour, ce fer forgé par les Anciens Hommes pour élever la tour Eiffel et qui se trouve être d’une trempe exceptionnelle. Les armes et armures des soldats ainsi que les pièces et piécettes utilisées par la communauté du pont sont façonnés dans ce métal fameux qui leur donne une résistance et une solidité rare, au point que les armes comme les pièces pontifiennes sont renommées dans toute la région.

Rébécane et les ponteux:

les personnages principaux du Pont de Fer

Le personnage principal du livre n’est autre que son auteur, la Grande Pontife Rébécane. Il s’avère en effet que le texte du Pont de Fer n’est autre que ses mémoires sacrés, rédigés jour après jour, au fil des événements survenant sur le pont. Rébécane est une femme de 27 ans qui est Grande Pontife depuis une année environ. Malgré son jeune âge, elle cherche courageusement à défendre la paix et la justice dans un Conseil des Quatre dominé par des hommes faits davantage intéressés par la richesse et la gloire.

Les trois GranPontes, Germion, le GranPonte aux Affaires, rigide et implacable, Barbaran, le GranPonte aux Troupes, directif et orgueilleux, et Silvinin, le GranPonte aux Ouvrages, cordial et affable, constituent également des personnages centraux du récit puisqu’ils sont membres du Conseil des Quatre, où toutes les grandes décisions sont prises en compagnie de Rébécane.

Les trois Pontifes, Madlène, que Rébécane considère comme la mère qu’elle n’a jamais eue, Abine, sa meilleure amie de toujours et Janivone, cette religieuse aussi rigoriste que Rébécane est tolérante, joueront également un rôle important dans le récit. Il en ira de même pour le beau Ponte aux Affaires Milien, le bon Ponte aux Ouvrages Pilon ainsi que de nombreux autres protagonistes comme la diacresse Prunine, le chansonneur Rafalin, la graveuse Camillone, l’échoppeur Rémonin ou encore la poutrelleuse Nestorone.

L'apparition des pouvoirs de l’âme :

la fantasy à l'époque du Pont de Fer

Les pouvoirs de l'âme, inexistants jusqu'aux Temps Anciens, font leur apparition au cours des Temps Inférieurs, peu ou prou à l'époque du Pont de Fer. Il n’existe alors, dans tout le pays, que quelques poignées d’individus qui possèdent de telles facultés.

La Grande Pontife Rébécane, comme tous sur le pont, a déjà entendu parler des prouesses extraordinaires que seraient capables de réaliser ces femmes et ces hommes, mais elle n’y croit guère, jusqu'à ce que l'un des membres de sa communauté ne soit confronté à des phénomènes étranges et qu'elle ne découvre alors une réalité qui lui était totalement inconnue.

Entre mémoire et oubli :

le rapport à notre civilisation des contemporains du pont

Durant les premières décennies suivant l'effondrement de notre civilisation, les hommes partagent encore certains aspects de notre culture et conservent aussi le souvenir de nos modes de vie, et ainsi, ils demeurent toujours liés à notre civilisation, dont ils participent à la perpétuation de la mémoire.

Avec les années, cependant, ce lien finit par se distendre irrémédiablement, aidé en cela par la disparition progressive de nos vestiges, si bien qu'à l’époque du Pont de Fer, la communauté des ponteux est un des derniers peuples à ne pas être encore totalement indifférent à notre civilisation et à son histoire.